Cette manière de penser que, sous prétexte que le chiot est peu mobile, qu'il réagit plus gauchement à ce qui l'entoure, cela signifie qu'il ne ressent pas la douleur, et donc que l'on peut pratiquer une amputation sur son corps sans anesthésie (de la queue, des oreilles, des ergots...) sans que cela ne lui cause aucun problème est confortable à conceptualiser pour des personnes qui trouvent normal de modifier le corps d'autrui afin qu'il convienne à ses propres critères esthétiques. Néanmoins, cette idée reçue répandue est totalement fausse, et découle de la même idée selon laquelle les bébés humains, eux non plus, ne ressentiraient pas la douleur.

A la naissance, les terminaisons nerveuses sont déjà mises en place, cependant, la myélinisation n'est pas terminée. La myéline est la gaine qui se forme autour des nerfs et qui permet une transmission des influx plus rapide et efficace. C'est la destruction progressive de la myéline qui est en cause dans le développement de la myélopathie dégénérative, entraînant une paralysie progressive du chien en commençant par l'arrière train pour terminer par les nerfs respiratoires. 

A la naissance, le chiot a trois sens principaux, qui prennent une place très importante : l'odorat, le goût et le toucher. Sans ces trois fonctions, il serait incapable de trouver les mamelles de sa mère pour s'alimenter, il serait incapable de ramper pour trouver la température idéale (en s'éloignant ou se rapprochant des sources de chaleur, seul moyen qu'il a, à cet age, pour réguler sa température corporelle, et ce jusqu'à 3 semaines de vie)

Le cerveau du chiot évolue peu dans les 15 premiers jours, il se développe, en revanche énormément entre le 16ème et le 28ème jour, mais la myélinisation du cortex du chien évolue jusqu'à l'âge de 9 mois. C'est donc à 9 mois (et non à 2 jours) que l'on peut dire que le chien "a complètement terminé son développement nerveux." 

Les capacités nociceptives du chiot sont présentes dès la naissance, des recherches publiées en 1964 le démontraient déjà.* Une étude menée sur des chiots nouveau-nés consistant en l'amputation de la queue sans anesthésie a observé que les petits hurlaient de longues minutes au cours et après l'amputation du membre. Le chiot présente des signes de sensibilité au contact de n'importe quelle partie de son corps, dès la naissance, ce qui s'observe aisément lorsqu'on les manipule pour les ausculter et les peser à la naissance.  

Il est donc, selon moi, injustifiable de procéder à ce type d'opération, qu'il s'agisse de la coupe de la queue, des oreilles ou des ergots, sans faire appel à un vétérinaire qui procèdera à l'anesthésie locale ou générale du petit animal. Qui plus est pour des raisons esthétiques, qui pourront, de plus, devenir un handicap plus tard dans la communication de l'animal avec ses pairs.

Si l'on souhaite avoir des chiots anoures (sans queue), ou sans ergots, des tests ADN existent, cela peut parfaitement s'obtenir par sélection. C'est effectivement plus cher, cela demande de travailler, mais cela permet d'éviter de faire subir une opération douloureuse à un petit animal qui n'a pas demandé à naître.

sinon, il y a aussi la possibilité d'accepter son petit chien comme il est, quitte à moduler le standard pour qu'y soient acceptés les chiens avec une queue ou des ergots.

Nociception : capacité de l'organisme à percevoir un stimulus nocif ou potentiellement nocif.