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Comme chien et chat

            Le thème de la relation du chien et du chat est un sujet qui revient constamment lorsque l'on possède l'un de ces animaux, mais il peut être étendu à la relation du chien à n'importe quelle autre espèce domestique. On parle plus volontiers de ces deux là parce que les deux ont conquis nos foyers, nos chambres, parfois nos canapés et nos lits. Le chien et le chat sont tout deux des prédateurs opportunistes, ce qui leur a permis de se rapprocher de l'homme, le chien en se rapprochant pour consommer les déchets, longtemps avant le chat qui a réduit la distance entre le grand primate et lui pour chasser les rongeurs dans les réserves de nourriture lorsqu'il s'est sédentarisé et a démarré l'agriculture.

Socialisation et Imprégnation

 

            Le chat est une proie naturelle du chien sauvage, cependant il compense sa petite taille par un caractère moins diplomate et plus trempé que le chien. Le réflexe naturel de ce dernier dépendra souvent de l'attitude du félin qu'il a en face : si ce dernier part en courant, le chien se lancera généralement à sa poursuite. C'est un comportement très encré dans le cerveau du chien, que l'on appelle un patron-moteur :

 

            " Un patron moteur est un comportement génétiquement prédéterminé, inné, qui n'a pas besoin d'être appris pour s'exprimer, mais qui a besoin d’apprentissage pour se perfectionner, et qui est autorenforcé. "

                                                                                             Joël Dehasse, Tout sur la psychologie du chien.     

 

            Les patrons-moteurs liés à la prédation sont les suivants : Recherche de la proie, Fixation visuelle, Traque, Poursuite, Capture, Mise à mort, Rapport ou déplacement puis Dissection. La consommation n'entre pas dans cette série de comportement. Chaque race de chien a été sélectionnée de manière à allumer ou éteindre certains de ces patrons moteurs, dans un but d'utilité auprès de l'homme, le chien d'arrêt, par exemple, va présenter la série de patrons Orientation, fixation visuelle mais ne traquera ni ne poursuivra le gibier car il doit rester immobile, par contre il ira à la morsure. Les chiens de chasse "terriers" (Jack russel, Yorkshire, Westie...) et les primitifs (husky, chien-loup...) présenteront toute la série de patrons moteurs, ce qui en fait de redoutables chasseurs. Les chiens de berger, quant à eux, ont été sélectionnés pour présenter uniquement les comportements de prédation servant à guider les troupeaux et à les protéger. La proie est donc cherchée, fixée, traquée, poursuivie, rabattue et plus ou moins mordue mais en aucun cas elle ne doit être blessée. 

 

 La période d'imprégnation

 

            Pour éviter un risque de prédation trop marqué chez le berger, ce dernier a également été sélectionné pour présenter une période d'imprégnation plus longue que la majeure partie des chiens, ce qui donne la possibilité de travailler la socialisation de ces derniers aux autres espèces jusqu'à un age plus avancé du chiot. C'est un atout pour tout éleveur de chiot berger, mais également pour le propriétaire, quand la période d'imprégnation dure jusqu'à 10 voir 12 à 15 semaines comme c'est le cas dans certaines lignées d'Altdeutsche Schäferhunde. 

 

            La période d'imprégnation est la période cruciale du développement du cerveau chiot, durant laquelle il apprend très vite, et de manière indélébile, à appréhender son environnement, à se comporter en société avec d'autres individus de son espèce et des espèces amies. C'est une période durant laquelle le chiot doit avoir rencontré un maximum d'éléments variés, afin d'avoir les bases nécessaires à son bien être dans son environnement futur : dans ce laps de temps, le cerveau construit et déconstruit les connexion neuronales utiles et inutiles. Plus le chiot rencontre de choses nouvelles et positives, plus il appréhendera facilement les éléments nouveaux dans sa vie quotidienne une fois la période d'imprégnation passée. C'est également la période idéale pour socialiser un chiot aux autres espèces (humaine, félines, bétail, volailles...), afin que celles ci soient enregistrées dans son cerveau comme "espèces amies". Passée la période d'imprégnation, le travail de socialisation sera beaucoup plus complexe pour le propriétaire, c'est pourquoi il est primordial que le chiot ait rencontré suffisamment de choses nouvelles et positives dans cette période critique, chez l'éleveur et dès l'adoption (sans attendre le rappel de vaccin des 3 mois). Le chien n'acquiert pas de manière systématique le concept d'espèce féline, pour ce faire, il doit être imprégné (par des rapports sociaux positifs comme le jeu ou le toilettage mutuel) à 7 types de chats différents (poils longs et courts, nu, noir, blanc, tigré, roux, museau court et long...) et cette imprégnation doit être entretenue parfois tout au long de sa vie par des rapports sociaux positifs. Chaque expérience négative s'encrera également de manière indélébile dans le cerveau du chien : la rencontre avec un chat blanc à poil court agressif dans la période d'imprégnation apprendra au chiot que les chats blancs à poil court sont dangereux. 

 

Socialiser après la période d'imprégnation

 

            Heureusement, si l'empreinte de la période d'imprégnation est indélébile, avec une enfance riche aux rencontres variées, le chiot part de l'élevage avec un certain bagage, lui permettant par la suite de rencontrer avec plus de sérénité les expériences nouvelles. C'est pourquoi le choix d'un élevage travaillant énormément la socialisation et l'enrichissement des chiots, en positif, est primordial  pour faciliter le travail de socialisation ultérieur aux autres espèces. En effet, il est rare que les élevages canins disposent à domicile de chevaux, de chats, de chèvres, de volailles, de ruminants, de lapins et de toutes les espèces, il revient donc au propriétaire du chiot de continuer le travail sur ce dernier, en lui apprenant à se comporter de manière adéquate avec tous ces animaux. Il est même possible, si l'on s'y prend tôt, d'apprendre au chiot les auto-contrôles sur certains de ses patrons moteurs, notamment la poursuite, qu'il peut très vite apprendre à apprécier et rechercher, et qui peut également vite devenir problématique si l'on ne souhaite pas le voir se produire derrière le chat du voisin venu explorer notre jardin.

 

Présenter un chiot aux chats

 

            Tout comme la période d'imprégnation est primordiale pour le chiot, les instants de la présentation peuvent être décisifs pour la pérennité d'une bonne relation entre le chiot et les chats de la maison. Il vaut mieux avoir conscience, afin de les éviter, des erreurs à ne surtout pas faire lorsque l'on présente un chiot à un (ou des) chats.

            La première chose à ne surtout pas faire, c'est de forcer les choses : on ne présente jamais un chiot maintenu, de force, on ne le pousse pas vers le chat. De même, on ne présente pas le chat dans les bras ou maintenu, on ne force pas le contact.

            La seconde chose à éviter c'est d'au contraire empêcher la rencontre en créant une frustration. Le chiot va avoir envie d'aller voir, si vous l'en privez, le chat peut devenir une obsession pour lui, et la frustration montante se changera en excitation à la vue du chat (ou de n'importe quel chat). Ne transformez pas les chats en objet de frustration que le chiot cherchera tôt ou tard à obtenir par tous les moyens : tout doit se faire dans le calme.

 

         Aménagez l'espace et anticipez

 

            Le chiot arrive chez vous, dans cet environnement qu'il ne connaît pas, avec ces objets et ces odeurs qu'il ne connaît pas, il est perdu. Il a peut être fait un long voyage, il est fatigué, il est plein d'émotions, et le voilà qui rencontre cette bestiole qu'il n'a (peut être encore) jamais vue. Le chat doit avoir la possibilité de se réfugier, de se mettre en hauteur ou de quitter les lieux, ne le contraignez pas. Le chiot doit apprendre à respecter le chat, dès le départ, à ne pas le poursuivre s'il prend la fuite : vous pouvez dors et déjà lui apprendre le "tu laisses" et le rediriger sur un jeu. Vous ne connaissez pas encore votre chiot, mais vous connaissez déjà votre chat, et pouvez anticiper ses réactions. Faites les choses intelligemment, sans forcer, en leur laissant le temps de se découvrir, et ne laissez jamais le chiot seul avec les chats, sans surveillance, les premières semaines.

            L'idéal est de proposer au chat un lieu en hauteur duquel il puisse analyser la situation, observer le chiot tout en se sentant en sécurité. Aménagez des lieux de sûreté à votre chat, et faites en sorte à ce que ce dernier ne soit pas non plus agressif avec votre chiot. 

 

            Une parfaite harmonie entre chiens et chats est tout à fait possible, pour qu'elle existe, c'est à l'humain de mettre en place les fondations saines sur lesquelles elle reposera. Ils ne seront peut être pas les meilleurs amis du monde comme on peut le voir dans certains films Disney, mais ils peuvent se respecter et cohabiter sereinement et sainement, c'est tout aussi agréable, non ?

 

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Sources :


DEHASSE, Joël. Tout sur la psychologie du chienOdile Jacob, 2009. 512 p. ISBN-2738123171

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Commentaires: 1
  • #1

    PATRICOLA Anne (vendredi, 17 juillet 2020 11:52)

    Merci pour cet article, enfin une aide précieuse pour gèrer la rencontre entre mon chiot ba mâle et ma chatte de 1 an et son chaton, j'étais super angoissée, je ne savais comment faire, néanmoins par instinct, j'ai laissé les fenêtres ouvertes pour que les chats aient un moyen de fuite et je n'ai surtout pas forcée l'approche.
    Il ne me reste plus qu'à acheter des arbres à chat car l'hiver sera là bientôt et je voudrais que tout le monde puisse cohabiter au chaud.

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